La préparation des obsèques : une démarche sociale et humaine

Transport Du Cercueil

Être acteur de la dimension sociale des obsèques, ce n’est pas offrir un service marginal, superficiel, voire mondain. C’est au contraire proposer le premier des services, sans lequel le reste ne peut pas fonctionner. Pour s’en convaincre, il suffit de vivre des obsèques sans famille ni amis, tout au plus avec l’équipe des pompes funèbres. L’hommage sans les proches est amputé de ce qui lui donne son sens. Ainsi, même pour les défunts non réclamés, dont les corps sont conservés à l’Institut médico-légal de Paris, une association « Les Morts de la rue » a été créée en 2004 pour qu’un hommage leur soit rendu lors de leur inhumation en terrains communs au cimetière de Thiais. Elle le fait simplement au nom de la solidarité humaine.

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Une préparation collective et attentive

La marginalisation actuelle des réalités de la mort complique le rôle des pompes funèbres dont la mission est de donner aux obsèques leur pleine dimension sociale. Jour après jour, aux côtés des familles, leur métier consiste essentiellement à collaborer à l'organisation d'un événement. Cette expression peut paraître triviale, mais elle rend pourtant bien compte de la réalité. Ils sont les co-organisateurs d'un événement qui fonde le rite d'adieu. Et il n'est pas de rite sans cette dimension collective.

Avec les familles, ils déterminent en priorité les lieux, jour et heure de la célébration des obsèques. Or, ce choix est généralement guidé par la recherche de la présence du plus grand nombre possible de participants. Tel parent résidant à l'étranger a besoin de temps pour revenir. Ou tel autre, malade, a besoin de quelques jours pour se remonter.

À noter :
C'est le cas notamment pour les obsèques d'un enfant mort-né, pour lesquels il faut attendre que la mère trouve la force physique et morale d'y assister.

La rédaction du faire-part

L'annonce dans la presse ou le faire-part à imprimer doivent avoir le temps de produire leur effet d'information sur l'événement qui se prépare. Jusqu'au milieu du 20eme siècle, les faire-part commençaient par une formule très incitative :

« Vous êtes prié d'assister aux convoi, service et enterrement de Monsieur X », ce qui illustre combien la participation à cet événement avait un caractère quasi impératif.

La rédaction des faire-part ou des annonces nécrologiques dans la presse est un exercice de la plus haute importance pour les familles, et toujours d'une grande sensibilité. On n'imagine pas, à leur lecture, l'énergie dépensée pour arriver à les composer. Ils constituent une des rares photographies du groupe familial qui se donne à voir publiquement et nécessitent de ce fait une grande attention.

Les agents funéraires sont appelés à jouer un rôle de tout premier plan dans ce travail. Ils doivent proposer des formulations, répondre aux questions sur ce qui se fait et ne se fait pas, et se plier aux règles que les journaux quotidiens ont eux-mêmes édictées en matière de rédaction des annonces nécrologiques.

Ainsi Le Carnet du Figaro est dépositaire d'une véritable tradition en la matière, tandis que celui du journal Libération donne une plus grande place à l'originalité et l'inventivité. En région, les rubriques nécrologiques sont de véritables institutions et rares sont les familles qui n'y ont pas recours. Souvent, les entreprises de pompes funèbres ont pris l'habitude de signer les annonces qu'elles passent. Cette habitude permet de disposer de coordonnées si l'on veut un renseignement sur les obsèques. Mais cela devient aussi un affichage publicitaire bien déplacé.

Dans l'extraordinaire diversité des situations familiales contemporaines, ce travail rédactionnel n'est pas toujours aisé. Combien de tensions, de querelles et de jugements portés sur les autres se manifestent alors ! Les familles recomposées, les couples non mariés ou du même sexe sont autant de réalités contemporaines qu'il faut savoir intégrer. La mention des défunts de la famille, marqués d'une croix à côté de leur nom, complète, en l'élargissant, le portait familial. Une fois sa rédaction achevée, la lecture du texte composé collectivement constitue un moment d'émotion, qui contribue, à sa modeste place, la prise de conscience de la réalité du deuil qui est vécu.

Les annonces nécrologiques servent moins à faire venir les gens aux obsèques, car la plupart d'entre eux sont prévenus par le bouche à oreille, qu'à toucher des personnes perdues de vue. Ces dernières se manifestent souvent par une lettre qui fait resurgir une part d'un passé que l'on ne veut pas laisser mourir. Ces lettres sont perçues par ceux qui les reçoivent comme de beaux cadeaux, émouvants et précieux.

Les déplacements au cœur du parcours funéraire

Pour caractériser l'événement social que constitue, ou plutôt que devrait constituer, toute mort, l'expression « parcours des funérailles » décrit bien ce dont il est question.

Elle rend compte en effet de l'incontournable déplacement qu entraîne tout décès. Pour « porter un défunt en terre », il faut se déplacer à sa suite. C'est ce qu'indique l'étymologie du mot obsèques « marcher devant ». Le mort marche symboliquement devant la procession de ses proches qui le suivent jusqu'à sa dernière demeure.

Ce point est crucial pour comprendre ce qui se joue lors des obsèques.

Maman Console Enfant Enterrement
© istock

Le déplacement physique des proches évoque d'autres déplacements. Tout d'abord un déplacement dans l'ordre relationnel, car en l'absence de celui qui est mort, les relations au sein d'une famille, d'un groupe d'amis, ou au travail, sont à réinventer.

Ensuite, sur le plan psychologique, le deuil appelle à des mouvements intérieurs intenses. Blessé par la perte d'un père, d'une mère, d'un conjoint, d'un enfant ou d'un ami, l'endeuillé doit assumer une vie nouvelle, sans la présence physique de l'être aimé. Il doit faire l'expérience, plus spirituelle que charnelle, d'une communion nouvelle.

Mais, en attendant, la douleur est si grande, la blessure est tellement à vif, qu'il est difficile d'imaginer qu'une cicatrisation, même partielle, se fasse. Pourtant, le jour des obsèques, en embrassant une dernière fois le visage du défunt, en consentant à ce que le cercueil soit fermé puis, plus tard, inhumé, l'endeuillé emprunte le chemin du deuil avec tout son être.

Sur le plan spirituel, la mort suscite des bouleversements qui touchent jusqu'à l'image même que nous nous faisons de Dieu.

Le parcours des funérailles préfigure physiquement, l'espace de quelques heures, les déplacements sociaux, psychologiques et spirituels auxquels la mort d'un proche nous invite.

Face à cela, la plus nocive des attitudes est de faire comme si rien n’avait changé. Entre nous -et en nous - croire qu'une mort ne change rien, c'est manifester un déni profond de ce qui est à vivre.

L'appauvrissement actuel du parcours des funérailles découle d'une tentation très forte de privatiser la mort et de la réduire à un événement simplement personnel. Cette démarche atténue la parole que la mort nous transmet, car il y a dans toute mort une occasion unique : celle de se laisser questionner sur le sens de sa propre existence. À travers la mort de l'autre, c'est toujours la question de sa propre mort qui est posée.

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Delphine Neimon

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