Infinité burial project : des champignons comme dernière demeure ?

Assurer la désintégration du corps par des champignons : de prime abord grotesque et choquante, l’idée nous vient des USA et commence à faire son chemin chez les défenseurs de l’environnement.

Lancé à la fin des années 2000,  ce concept fondé sur la question du devenir du cadavre a aujourd’hui engendré Coeio, une start-up socialement et écologiquement ambitieuse, menée avec beaucoup d’énergie et de conviction par ses fondateurs Jae Rhim Lee et Mike Ma.

Quel est ce principe ? Qu'implique-t-il ?

Artiste spécialisée en design visuel, Jae Rhim Lee est aussi très sensible à la problématique écologique.

© coeio.com

Dans cette perspective, la décomposition du corps humain lui a toujours posé problème : chargée des métaux lourds et des toxiques absorbés durant l'existence, la dépouille relâche ces polluants dans la nature après la mort.

C'est valable aussi bien pour l'inhumation qui infecte ainsi les sols et les eaux qu'avec la crémation, qui répand ces substances dans l'atmosphère : on estime que ce sont environ 250 000 tonnes de dioxyde de carbone qui sont ainsi dégagées avec les conséquences néfastes que l'on imagine.

Comment solutionner cette menace ? Tout simplement en facilitant l'absorption naturelle de ces résidus. Pour ce faire, J.R.Lee s'est penchée sur les capacités de certaines espèces de champignons, dotées d'un véritable pouvoir recyclant.

La conclusion de ses recherches était évidente : le meilleur moyen de neutraliser les toxines emmagasinées dans le corps est que celui-ci soit absorbé par ces champignons régénérant.

Pour y parvenir, il faut enfermer la dépouille dans une enveloppe de coton biologique innervée de spores de champignons qui feront souche une fois le cadavre enterré. La panoplie est évaluée entre 1000 et 1500 euros.

Le projet est d'autant plus audacieux qu'il se heurte aux croyances et aux tabous, qui placent la conservation du corps au cœur du deuil.

Consciente des barrières qu'elle allait devoir franchir, J.R.Lee orchestre une lente communication, organisée par étapes.

En 2008, elle exhibe un prototype du "mushroom death suit" lors d'un défilé de mode dédié aux problématiques de protection de l'environnement.

En 2011, elle en explique le principe lors d'une conférence TED où elle remporte un franc succès. Aujourd'hui son entreprise est en plein développement, et s'inscrit en première ligne de programmes de recherches scientifiques.

Jae Rhim Lee, © Photo: J. Duncan Davidson / TED

Adapté pour les animaux domestiques, son costume de champignons va faire l'objet de tests sur des êtres humains prêts à tenter cette aventure dans l'au-delà.

Atteint d'une dégénérescence nerveuse, Dennis White sera à sa mort le premier "décompinaute" ainsi que les nomme J.R.Lee.

Consciente de bouleverser les codes et les mœurs, la créatrice englobe sa démarche dans une plus large réflexion sur la mort, voulant ainsi fonder une communauté autour de la notion de "décompiculture" : son objectif est de promouvoir la décomposition du cadavre comme un geste de sauvegarde de la planète, afin de l'ancrer dans nos modes funéraires au même titre que les autres procédés plus traditionnels.

À retenir de ce procédé :

  • Tous les matériaux utilisés sont naturels et biodégradables ;
  • Ni produits chimiques, ni conservateurs ;
  • Le corps et la terre sont réunifiés symbolisent ainsi le cycle continu de la vie ;
  • Les racines des plantes reçoivent les nutriments plus efficacement ;
  • Le corps est nettoyé naturellement des toxines, qui, autrement s'infiltreraient dans le sol et dans les eaux.
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Delphine Neimon

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