Deuil musulman : l’importance de la toilette mortuaire dans l’islam

Dans les rituels funèbres musulmans, la toilette du corps tient un rôle essentiel. Cette religion considère la mort comme une étape, un passage vers l’au-delà. Voyons ensemble son déroulement.

En quoi consiste cette toilette ?

La dépouille doit faire l'objet d'une purification, afin d'aider ce transfert vers Jannah, le paradis selon le Coran. Aussi les défunts doivent être accompagnés durant toute cette période, notamment lors de la toilette qui constitue un moment clé de ce processus.

Cette toilette peut avoir lieu au domicile comme en chambre mortuaire ou au funérarium.

Dans tous les cas, elle suppose :

  • une fonction rituelle ;
  • des participants spécifiques ;
  • un équipement précis ;
  • un nettoyage très encadré ;
  • une mise en linceul.

Quelle est la fonction de la toilette funèbre chez les mulsulmans ?

C'est un véritable devoir moral dont les fidèles musulmans doivent s'acquitter, pour leur propre gratification morale autant que par respect pour le mort.

Ce processus implique une codification très stricte, fondée sur la lecture et l'interprétation  de plusieurs passages du Coran.

Dans tous les cas, les directives des textes sacrés doivent primer impérativement sur celles que pourraient avoir le défunt ou les proches.

L'intégrité de la dépouille est impérative :

La toilette est réalisée au plus vite, très souvent le matin même de la mise en terre, sachant que selon les traditions le corps est inhumé au plus tard 24 heures suivant le décès.

La législation française imposant un acte de décès pour procéder à l'enterrement, ce dernier intervient dés obtention du document ; aussi les intervenants doivent se tenir prêts pour effectuer la toilette le plus rapidement possible.

En conséquence cette opération se déroule en parallèle de l'information du reste de la famille et du cercle des amis et connaissances. Une fois la toilette et la mise en linceul achevées, ils viendront présenter leurs condoléances.

Qui peut procéder à la toilette mortuaire en islam?

Le défunt peut avoir désigné une personne dans son testament. Si ce n'est pas le cas, seuls sont admis les musulmans réputés pieux et sages. Il peut s'agir :

  • de proches, issus de la famille ou amis ;
  • d'imams, d'acteurs religieux ;
  • de professionnels travaillant pour une entreprise de pompes funèbres spécialisée.

Le groupe doit être au maximum de quatre personnes, mais le mieux est de choisir deux individus, l'un assistant l'autre.

Tous doivent être au fait des gestes et du cérémonial à accomplir, afin d'être en conformité avec les textes sacrés.

Les intervenants doivent se purifier au préalable.

Leurs échanges durant cet instant seront discrets et toujours positifs. On récitera la prière des morts.

Les femmes sont veillées et préparées par des femmes, les hommes par des hommes. On accepte néanmoins que :

  • le mari prépare son épouse, ses fils et ses filles de moins de sept ans.
  • la femme s'occupe de son mari ou de son fils pré-pubère.

Comment nettoyer le corps ?

La toilette mortuaire dans l’islam comprend plusieurs étapes :

  • Le corps doit être placé sur une table en hauteur pour éviter qu'il ne se salisse.
  • On l'oriente vers la Mecque.
  • Les habits sont enlevés.
  • Les parties intimes sont cachées sous un linge opaque, la toilette sera effectuée de la main gauche, en glissant un morceau de tissu en dessous.
  • Le corps doit être débarrassé de toutes les tâches et souillures qui l'altèrent :
    • cela suppose d'ôter toutes traces de sang, la terre, la boue... ;
    • il faut enlever le maquillage, le vernis à ongles ;
    • la moustache et la barbe peuvent être taillées ;
    • les dents sont lavées, ainsi que la bouche et le nez ; cependant on n'utilisera pas d'eau, mais plutôt un coton mouillé ;
    • pansements, bijoux, dentier sont retirés ;
    • les cheveux sont nettoyés, ceux des femmes sont défaits, tressés et placés sous la tête ;
    • par ailleurs le ventre doit être débarrassé des matières et des gaz, par légère pression ;
    • les orifices naturels et les blessures sont remplis avec du coton.
  • On utilise une eau froide ou tiède, chaude pour enlever les traces résistantes. L'eau gelée ou brûlante est prohibée, le corps étant perçu comme demeurant sensible même après la mort. En conséquence, les gestes pratiqués sont doux, respectueux, attentifs.
  • Les ablutions s'effectuent à partir du haut en allant progressivement vers le bas. On commence par la tête et le visage.
  • On débute par le côté gauche puis on fait basculer le corps vers le côté droit. Il n'est jamais retourné face contre la table.
  • Le corps est lavé en moyenne trois fois, mais autant de fois qu'il le faut pour être net.
  • Il est séché trois fois de suite avec des linges blancs et propres.
  • Il arrive que le cadavre soit en trop mauvais état pour être soumis à un lavage à grande eau. Dans ce cas-là on aura recours au Tayyamum, ou ablutions sèches. Elles consistent à passer ses mains sur de la terre ou une pierre puis à les appliquer sur le visage, les poignets et les mains du défunt.
À noter :
Dans tous les cas, suicidés, bébés morts avant terme, il convient de procéder à la toilette du corps.
Les martyrs sont mis en terre directement dans leur tenue de combat, sans nettoyage préalable, quant aux pèlerins décédés, ils sont dispensés d'être parfumés.

Quels sont les éléments nécessaires à la toilette mortuaire ?

Concernant l'habillement des intervenants, il faut privilégier leur protection notamment pour éviter des risques d'infection.

Ils effectuent eux-mêmes une toilette purificatrice en amont et en aval de la cérémonie.

Ils doivent porter une blouse, un masque, des gants et des chaussons de protection.

Concernant le nettoyage du corps, il faut prévoir :

  • des serviettes jetables pour nettoyer et sécher ;
  • des lingettes pour désinfecter le corps ;
  • du dissolvant ;
  • une paire de ciseaux pour découper les vêtements ;
  • du coton épais ;
  • un coupe-ongles ;
  • un peigne et une brosse ;
  • un sac poubelle ;
  • des feuilles de jujubier (utilisées traditionnellement pour laver les corps au Moyen Age) ou du savon et du shampoing ;
  • du camphre, du musc et des feuilles de rose pour parfumer le corps et le linceul ;
  • un seau pour transporter l'eau si on ne dispose pas d'un tuyau.

Comment procéder à la mise en linceul ?

Une fois le corps nettoyé, il doit être enroulé dans un linceul ou « kafin ». Il faut choisir une étoffe de coton blanc de 8,5 m x 2,5 m (l'une d'elle doit être rayée).

Ce tissu est partagé en trois parties de 2,5 m chacune, le restant étant découpé en bandelettes qui serviront à fermer le linceul. Le tout doit être payé avec l'argent du mort.

Le corps est parfumé de musc au niveau des aisselles, de l'intérieur des cuisses, et des points de prosternation au nombre de 7, le front, les  mains, les genoux, les pieds.

Les bras sont placés le long des flancs ou pliés sur la poitrine.

Du coton épais cache les parties intimes, tandis qu'on retire le linge qui les dissimulait jusqu'à présent.

Les trois pièces de draps sont glissées sous la dépouille, les coins saupoudrés de musc, puis repliées l'une après l'autre, le pan de gauche d'abord puis celui de droite et ainsi de suite pour chaque couche.

Le tout est fermé par des bandelettes qu'on noue au niveau de la tête des côtés et des pieds.

Le linceul doit demeurer immaculé, aussi un corps saignant peut être placé dans un sac avant d'être emmailloté, pour éviter toute souillure.

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