Cercueil en forme de légo : quand la personnalisation du funéraire fait le buzz …et modifie la perception de la mort (?)

cerceuil lego

L’affaire a trouvé un écho indéniable sur la toile : emporté par une leucémie fin février 2017, le britannique John Mc Cole, âgé de 21 ans, a été enterré dans un catafalque en forme de …  légo jaune vif.

Cela prête à sourire, on pense à une plaisanterie, on peut même être choqué. Pourtant, véritable geek dans l’âme comme dans la vie, John était un passionné de ce jeu, et ses parents ont ainsi tenu à lui rendre un ultime, sincère et vibrant hommage, pour ce qu’il était durant sa trop courte existence.

A l’origine de cette fabrication unique, un menuisier de leurs connaissances, qui réalise là un petit tour de force en matière de créativité. La photo de cet objet hors normes, postée sur la plate-forme Ingmur puis diffusée sur le réseau Reddit, a fasciné les internautes au-delà de toute attente, avec plus de 650 000 vues et des relais par centaines. Sans compter les commentaires et les discussions engendrées qui en disent long sur l’évolution des mœurs en matière de funérailles, au point d’être repris dans la presse qui consacre des dizaines d’articles à ce fait divers.

Cercueil unique et appropriation de la mort

Première enseignement à tirer de cette anecdote : discuter de la mort sur les réseaux sociaux n’est plus un tabou. Sans être banalisée ni sous-estimée, la fin de vie est abordée presque normalement, comme un effet logique.

Est-ce un bien ou un mal ? On sait que la communication via internet se singularise par un effet paravent, une mise à distance de la réalité. Néanmoins, les choses de la mort y trouvent progressivement leur place, qui évolue entre le voyeurisme le plus contestable et une  philosophie somme toute assez saine, comme en témoigne par ailleurs la mode des selfies funèbres.

On peut alors se demander si le temps des cercueils classiques et du deuil strict, du chagrin étriqué est révolu. La génération du millénial, cette jeunesse ultra connectée, hyper réactive sur la toile, milite pour la personnalisation à tout va, le droit d’affirmer ses goûts, son originalité et son individualité jusque dans l’au-delà.

De s’approprier sa mort, en dépit des bienséances et des codes. La construction de ce cercueil unique en dit long sur une tendance qui s’affirme, révolutionnant progressivement le secteur du funéraire. Foisonnante dans les pays anglo-saxons dont la législation permet ce genre d’expression, cette mutation peine néanmoins à voir le jour en France, où la législation encadre le secteur de manière beaucoup plus stricte.

Le défunt au cœur du cérémonial ?

La problématique centrale porte sur le respect des normes de fabrication, visant à assurant l’hygiène et une sécurité sanitaire. Construire un cercueil unique n’est pas customiser un coffre préalablement fabriqué pour respecter les réglementations, comme c’est le cas désormais avec les cercueils en aggloméré, en carton ou recouverts d’ardoise, et que l’on peut inscrire d’hommages, décorer de photos personnelles … Qu’en est-il des joints d’étanchéité, des dimensions, … la peinture n’est-elle pas inflammable, ce qui constitue un risque en cas de crémation, hautement polluante pour la terre où la structure pourrait éventuellement reposer ?

Sans même aborder la question du prix fortement élevé de la prestation, l’élaboration de pareil sarcophage s’apparente à l’architecture d’une stèle ouvragée, à la sculpture d’un monument funéraire conçu comme une œuvre d’art, ainsi l’exemple de la création Causse, évoquée auparavant dans nos colonnes. Unique car calqué sur les penchants du défunt, il lui rend hommage, centrant le cérémonial funéraire sur la personne et non plus le culte et la croyance.

Alors que les obsèques civiles tendent à se développer, excluant les symboles religieux classiques, ce cercueil en forme de légo, s’il fait d’abord sourire comme une gentille farce, touche finalement l’esprit et suscite une profonde émotion car il introduit très fortement l’idée que c’est désormais le défunt qui est au cœur du rituel : c’est lui, et lui seul, qu’il convient d’accompagner dans sa dernière demeure, en respectant ce qu’il était avant de se soucier du regard commun et du « qu’en dira-t-on ».

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Delphine Neimon

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