Pensez-y pour qu’ils n’aient pas à y penser

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Vivre le deuil de son enfant : témoignage

Aujourd'hui, notre blog laisse la parole à une femme ayant perdu son enfant. Nul besoin d'en dire plus, nous vous laissons à votre lecture. En espérant que cela puisse aider les parents vivant cette même situation.

« L’épreuve la plus inhumaine qu’il soit possible de subir »

Pour mon mari et pour moi regarder Nicolas, c’était un peu comme faire le tour du monde. Maintenant qu’il n’est plus je me cramponne pour rester debout. Quelles que soient les circonstances de la disparition, la perte d’un enfant est sans doute l’épreuve la plus inhumaine qu’il soit possible de subir ».

C’est le malheur absolu. Être privé de sa raison de vivre. Même si cette réalité trouve un jour ou l’autre la tête de tout parent personne n’ose l’imaginer pour soi.

Quand des années après la tragédie ceux qui l’ont éprouvée sont en mesure d’en parler, ils laissent percevoir ce qu’était cette déflagration de douleur : de l’ordre de l’indicible, du jamais éprouvé.

Le jour où j’ai appris qu’il était précipité vers l'au-delà, j’ai eu le sentiment que la foudre me transperçait. La terreur enflait en moi. L’horreur m’étouffait. Le temps s’est figé là pour toujours.

Perdre son enfant, c’est voir disparaître une partie de soi-même. Cette sensation atroce de déchirement revient dans nos paroles. Le choc est d’une telle violence que parfois même si le corps n’est qu’un cri, les larmes ne viennent pas.

Le désespoir a duré quelques temps puis je me suis anesthésiée pour me défendre contre l’insoutenable : j’ai bloqué mes sentiments ainsi que mes émotions.

Cet état d’hébétude qui vous fait accomplir des formalités et les rites comme des zombies et fait croire aux autres que vous êtes courageuse. Est-ce cet égarement qui permet d’affronter la séparation définitive après les obsèques ?

J’ai été entourée portée par la famille, les amis. Mais cette houle de chagrin fut trop forte et j’ai cru alors qu’autour de moi le monde s’était immobilisé. Mais non. Ensuite les autres sont rentrés chez eux et la terre continuait de tourner. Tous les parents endeuillés savent ce jour-là, que pour eux, le plus dur est encore à venir.

La mort de son enfant c’est une réalité qui rentre progressivement dans le cœur et le corps comme un clou qu’on enfonce jour après jour. On refuse de le croire on se dit que c’est un cauchemar au point de chercher son enfant parmi les autres. Et puis peu à peu s’imposent le vide et l’implacable absence.

Les premiers temps…

Pendant la première année, tous les actes du quotidien sont une succession de « premières fois » sans l’enfant. Et ce sont autant de bras de fer avec la souffrance. Les parents sont là, incapables de se réconforter puisque chacun souffre autant. Et la mort résonne en chacun de nous. Les phases de deuils et de colère sont insoutenables.

Le cercle de famille est un cercle vicieux finalement : une vraie plaie vivante. Les rares instants d’oubli le matin au réveil ne semblent être qu'un répit que pour relancer la douleur qui vous submerge et vous transperce alors comme une lame aiguisée.

A quoi bon vivre alors me suis-je demandé ? Je m’étais donné six mois. Je pensais que j’allais sombrer dans la folie ou que la vie allait s’en aller naturellement de mon corps. Ma mère est morte de chagrin, pas moi.

Toute écorchée, j’ai pensé au suicide. Mais je n’ai eu d’autre choix que de continuer à être là. Ma fille et mon mari m’ont rendu finalement prisonnière de la vie. C’est horrible à dire mais au début ils m’encombraient je n’avais pas envie de m’en occuper je voulais être seule pour pleurer et consacrer toutes mes pensées à mon fils. Et c’est là paradoxalement que j’ai trouvé ma première raison de survivre. Choisir le cercueil de son enfant est la chose la plus insoutenable au monde.

Tant que je serais sur terre et que ma mémoire le fera vivre, alors mon fils existera. Si je m’en allais les autres l’oublieraient et ce serait l’effacement total. J’ai surmonté cette épreuve parce que je suis une forcenée de la vie je voulais prendre le destin à la gueule et être quatre fois plus forte qu’un mort. Oui les mots paraissent durs voir cruels mais que peut-on savoir lorsque l'on ne l'a pas vécu. Lorsque la cérémonie funéraire commence, c'est alors le début de la prise de conscience.

« Comment pouvoir penser à l'insoutenable à cet âge-là ? Comment ? »

Ce qui m’a sauvée, c’est d’abord de pouvoir pleurer de tout mon être et de dire et redire ma peine. Parler et reparler de mon enfant. J’avais besoin de le nommer, d’évoquer des moments vécus avec lui.
Quand on a eu assez de temps pour dire et pour pleurer, alors la douleur de la mort, ce tabou impalpable se transforme et devient moins incisive. Finalement, on apprivoise l’absence. On ne peut faire le deuil de son enfant. Ce qui voudrait dire : s’en détacher le ranger dans les souvenirs pour finir par y penser sans avoir mal je ne peux pas !

Le temps fait peut-être son œuvre et engendre l’oubli quand il s’agit de morts acceptables, dirons-nous "logiques", mais pas quand il s’agit d’un enfant... Si d’évidence aucun parent n’oublie sans doute apprenons-nous à vivre avec. Il faut aussi savoir se nourrir des images qui font du bien.

« Je suis prudente avec les photos de mon fils. Quelquefois regarder son visage m’enfonce dans la détresse, d’autres jours j’aime le retrouver à travers les pages des albums. J'avoue, regarder des photos de lui prise lorsqu'il était dans son cercueil. Je vais également souvent au cimetière me recueillir. Certaines personnes ne le peuvent pas, moi c'est ce qui me fait tenir.

Un jour, je me suis interrogée : je pouvais, c’est vrai, passer le reste de mon temps à pleurer et me lamenter sur mon pauvre sort. Mais avais-je le droit "d’abîmer" ainsi ma vie et celle de mes proches, amis et famille ?

Comme d’autres, j’ai réussi pas à pas à ne plus subir l’existence comme une obligation, mais à en apprécier de nouveau les joies. Le jour où je me suis surprise à rire sans culpabilité, sans avoir l’impression de trahir la mémoire de mon fils, j’avais je crois réintégrer le monde des vivants.

Le travail de deuil est accompli quand on parvient à regarder l’événement en face comme faisant partie de sa vie. Perdre un enfant laisse une frustration immense…

J’ai retiré de cette épreuve un amour insensé et la conviction que rien dans la vie n’arrive à la cheville de cette valeur-là.
Avec le temps aujourd’hui je n’ai presque plus cette sensation de vide l’absence de mon fils est compensée par une nouvelle présence intérieure comme s’il était entré en moi. Je le porte et il me porte. Je lui parle je l’associe aux événements et j’ai l’impression qu’il me donne sa force. Le lien n’est pas rompu c’est plus qu’un souvenir, une communion.

Comme pour ma mère aujourd’hui j’ai la simple conviction que cet amour donné et reçu, personne ne pourra me l’enlever parce qu’il est plus fort que la mort. On ne tourne pas la page, on retrouve juste une certaine paix en soi.
Le défi de la mort n’est jamais gagné, la peine est là ; sourde et prête à ressurgir à une date d’anniversaire, à un prénom lancé dans la rue…

Même si la vie reprend le dessus, c’est peu de dire que rien ne sera plus comme avant.

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