Lorsque la mort d'une personne est précédée d'une maladie grave, de longue durée ou encore que le grand âge et les problèmes de santé divers permettent à l'entourage de se préparer à la séparation, on parle alors de deuil anticipé.
- Ce deuil comprend souvent quatre grands aspects :Tout d'abord une réaction dépressive. La prise de conscience d'une séparation prochaine apporte de la tristesse et une perte temporaire d'énergie.
- L'entourage se recentre sur la personne malade qui devient un pôle central. On la visite, on l'aide, on lui témoigne de l'amour, on échange avec elle, on tente de faire et d'être pour elle tout ce qu'il est possible d'être ou de faire.
- La maladie de la personne aimée la met parfois à distance par une hospitalisation. Son état général se dégrade et la mort devient une certitude. Celle à qui on ne pensait pas est présente et l'entourage laisse entrer la notion de la mort dans son esprit. On pense aux désirs de la personne, à l'existence sans elle, à la période de deuil et, petit à petit, l'esprit se prépare au départ de l'être aimé.
- Cette période est une sorte de temps d'apprentissage où chacun essaie de s'adapter par anticipation aux conséquences de la mort de l'être aimé.
Le futur veuf s'essaie à cuisiner pour lui-même et à prendre soin de la maison. Les parents qui vont perdre un enfant imaginent la vie sans lui. Cette période difficile et intense physiquement et psychologiquement permet en général d'absorber graduellement la réalité de la perte, de finir ce qui n'a pas pu l'être dans la relation : exprimer des sentiments, se réconcilier, résoudre certains conflits. C'est aussi l'occasion de changer ou d'approfondir ses croyances concernant la vie, la mort et l'au-delà et lorsque c'est possible de faire des plans pour le futur en accord avec la personne mourante.
La possibilité de faire un deuil anticipé rend finalement moins traumatiques les jours et les mois qui suivent les obsèques.
Alors qu'une mort soudaine et brutale n'offre aucun moyen de se préparer.
Ce deuil anticipé permet donc :
- la prise de conscience progressive de l'inéluctabilité de la mort de l'être aimé ;
- la possibilité d'exprimer son chagrin tout en étant encore capable d'agir auprès de la personne mourante ;
- la réconciliation avec celui qui va partir, SI c'est nécessaire, mais surtout la réconciliation avec la vie qui continue ;
- le détachement progressif sur le plan émotionnel ;
- le développement d'une représentation mentale de la personne malade qui continuera être présente après la mort.
L'un des problèmes que peut poser le deuil anticipé, c'est que le détachement émotionnel soit trop important et que l’entourage ait déjà, en quelque sorte, enterré émotionnellement la personne aimée avant qu'elle n'ait cessé de vivre.
Ceci se produit tout particulièrement lorsque la maladie ou le coma dure très longtemps ou encore lorsque la personne se trouve à plusieurs reprises successives au seuil de la mort.
L'entourage se prépare à cette séparation et a parfois de la difficulté à réinvestir lorsque la personne malade va mieux. Cette situation est bien connue lors de retour de prisonniers de guerre portés disparus depuis plusieurs années. Certaines familles ont fait tout un travail de deuil et se sont détachées émotionnellement de celui qui rentre au pays, et il n'est pas évident pour lui de retrouver sa place.