Lorsqu’il s’agit d’une mort brutale, effectuer un travail de pré-deuil n’est hélas pas possible. Au moment où l’on apprend la nouvelle, il est déjà trop tard. L’être cher est mort, et l’irrémédiable s’est produit. Même lorsqu’une personne est forte mentalement et équilibrée les réactions émotionnelles qui en découlent sont intenses. Parmi les causes de mort brutale, on dénombre les suicides, les accidents, les maladies cardio-vasculaire et le point commun entre tous ces décès c’est la soudaineté avec laquelle ils se produisent et l’absence totale de préparation. « Un coup de tonnerre dans le ciel bleu », voilà une expression bien souvent employée par les proches endeuillés vivants une situation telle que celle-ci.
Le deuil après une mort subite et brutale
À travers les émotions…
« Je ne comprenais pas ce que l’on me disait, les infirmières me regardaient avec sympathie. Je ne voulais pas entendre, ne pas penser. Les mots que l’on me disait semblaient suspendus en l’air, je tentais de leur donner un sens. Des mots comme « mort », « autopsie », « suicide »… flottaient autour de moi. Je ne voulais pas les laisser rentrer en moi ».
Le traumatisme d’une mort brutale peut nous rendre physiquement malade. Toutes les émotions fortes comme La peur, la colère, la confusion, la peine peuvent nous couper l’appétit, nous empêcher de dormir, et par ce fait, nous rendre plus vulnérables face aux maladies. Il est primordial d’avoir du soutien durant cette lourde épreuve, de pouvoir communiquer, de pouvoir exprimer ses émotions avec des amis de longue date possédant une bonne capacité d’écoute. Il ne faut pas hésité non plus à aller consulter son médecin de famille.
Lors d’une mort subite et brutale, il peut aussi subsister une très forte colère par l‘endeuillé.
Une mère dont le fils avait été assassiné disait :
« Ma colère était terrible. J’étais en colère contre dieu, contre l’assassin de mon fils. Je haïssais tout et tout le monde ; et c’était terrible ! Je sentais ses émotions destructives montées en moi et m’habiter pour des jours entiers. »
Des croyances erronées…
Dans la situation de mort brutale, plus encore que dans les autres morts, la culpabilité aussi peut se faire sentir. Souvent, cela commence par « Si seulement… ».
Cette culpabilité prend sa source dans des croyances erronées que nous avons incorporées en nous, telles que, par exemple « si j’avais été une meilleure personne, cela ne serait pas arrivé ». » ce n’est pas juste que cet être aimé meure et que je continue à vivre. » « Les gens qui sèment sont responsables de la de l’autre et j’aurais dû le/la protéger ». Ou encore on peut se sentir coupable si l’on ne croit pas ce vieux et faux proverbe : « de bonnes choses arrivent à celles qui sont bons et de mauvaises choses à ceux qui sont mauvais », autrement dit : « On a que ce qu’on mérite ! ».
Que de ravages dus à ces croyances erronées !
Le temps aidant…
Dans le cas de mort brutale le processus de deuil se poursuit avec ses hauts et ses bas.
La mère d’un jeune homme tué dans un accident écrivait ce qui suit 18 mois après le décès :
« Parfois, je me sens bien. Puis, à l’évocation de mon fils, ou parce que je lis quelque chose qui me rappelle mon chagrin, je me retrouve en pleine tristesse. Je ne pleure pas autant qu’au début, mais je ne ris pas autant qu’avant l’accident. Une partie de moi ne reviendra pas et pourtant je voudrais me sentir entière à nouveau. »
Cette mère écrivait trois ans plus tard :
« Je me sens presque invincible. J’ai survécu à la pire des choses qui puisse se produire. Tous les autres problèmes ne sont rien en comparaison de celui –ci. Si j’ai pu survivre à cela, je peux survivre à n’importe quoi d’autre ! »
Ce qui est particulièrement douloureux dans les morts brutales, ce sont les démarches administratives. Il arrive fréquemment que les proches ne puissent pas se recueillir autour de l’être aimé défunt pour plusieurs jours parce qu’une autopsie est indispensable, ou parce que l’on n’a pas encore retrouvé le corps ou même que celui –ci, est méconnaissable.
Cette épreuve surajouter semble insurmontable à la famille.
Pour adoucir, si cela est possible, ces moments tragiques, de gros efforts de formation sont fait actuellement pour que les policiers, employé des instituts de médecine légale et des entreprises de pompes funèbres développent des capacités d’empathie, de respect et d’acceptation inconditionnelle vis-à-vis des familles éplorées.
Malgré tout cela, l’épreuve d’une mort brutale peut plonger les proches dans le désespoir le plus profond, tout particulièrement lorsque la mort est due à un assassin, un chauffeur ivre ou un conducteur immature qui roulait trop vite…
Le pasteur méthodiste Théodore Loder avait eu un entretien avec l’auteur juif Elie Wiesel et il écrivait :
« Récemment je demandais à Elie W. Comment surmonter le désespoir. Nous avions abordé le sujet du désespoir et de la relation à dieu, d’où ma question. Cet homme, qui, plus que la plupart, avaient connu des raisons de désespérer, lui qui avait perdu toute sa famille au camp de concentration et qui lui-même avaient tout juste pu survivre, me regarde à avec ses yeux profonds, et il me dit » :
« Vous voulez savoir comment surmonter le désespoir ? Je vais vous le dire : en aidant les autres à surmonter le leur ». Il se tut et sourit d’un pâle sourire. Je réalisais la vérité de son propos parce que je ressentais moins de désespoir en ce moment précis parce que lui et moi avions parlé ensemble, partagé nous luttes ».
Article inspiré (passages traduit) de l'ouvrage No Time For Goodbyes de Janis Harris.